Drôles de vacances ! Partir ? Pas partir ? Je vais préparer les masques, le gel hydroalcoolique, éviter les plages, et donc aller en Montagne, le grand air, j’y serai tranquille et en sécurité, c’est calme la montagne l’été ! Sauf que cette année, c’est l’affluence record : nous sommes nombreux à avoir eu la même idée. Ça serait le moment de relire René Girard et son désir mimétique…
Entre mon désir de sécurité (rester en vie !), mon désir de liberté (profiter de l’été, vagabonder, découvrir des lieux, des gens) mon désir de partage (s’embrasser, vibrer, vivre en tribu), je suis toute tourneboulée, tout à tour inquiète ou euphorique (le pire : les deux en même temps !), une girouette prise dans le vent fort de la médiatisation du COVID.
- Fuir ? mais où ? Le virus se balade sur toute la planète et les chaines d’informations étrangères ressemblent aux nôtres… C’est dire comme cela donne le moral et l’optimisme !
- Combattre ? Comment combattre cet ennemi invisible dont on ne sait presque rien, nous le grand public ?
- Se replier ? c’est à dire rester chez soi, est-ce que c’est possible sans déprimer ? Est-ce que ce n’est pas mourir à petit feu pour nous, occidentaux trépidants ?
Une solution : la méditation. J’ai remarqué que cela me calmait vraiment (sauf les fois où cela m’énerve fortement, mais c’est un autre sujet …) Je me pose donc sur une chaise, tranquille (enfin j’essaye), je ferme les yeux, j’écoute les sons, je prends acte de ma posture, je sens ma respiration (l’air frais qui rentre par mes narines), je laisse mes pensées venir et s’en aller. Je ne m’y attache pas. Mes pensées ne sont pas moi !
Qui est ce moi d’ailleurs ? Depuis un an j’ai plongé dans les racines du bouddhisme et du yoga, le confinement a accéléré cette plongée. Cet été, je relis « le moine et le philosophe » de Jean-François Revel (philosophe et papa de Matthieu) et Matthieu Ricard (docteur en biologie, moine bouddhiste, accompagnateur du Dalaï-Lama et photographe). Alors qu’en occident, nous savons depuis Kant qu’il ne faut pas confondre les noumènes (la chose en soi) et les phénomènes, le bouddhisme nous dit qu’il n’y a pas de chose en soi : Tout est impermanent et en permanente transformation. En fait ce qui est permanent, c’est l’impermanence.
Apnée ! Vite je remonte en surface. Une ballade en montagne et un apéro pour se remettre les idées au clair. C’est bien réel un apéro, non ?
Le réel, c’est la grande affaire du philosophe Clément Rosset « Le réel et son double » : Quoi qu’on fasse, quoi qu’on pense, quoi qu’on interprète, il n’y a qu’un réel, et il finit toujours par s’imposer. Et en général, cela fait choc, et donc mal.
Nous interprétons, fonctionnons, fictionnons autour de ce réel, mais il est là, compact et vrai. Chacun l’interprète en fonction de son histoire, de ses mémoires. A la naissance, petit bout d’humain jeté dans le torrent de la vie, j’aurai pour me guider mon corps-esprit, avec ses émotions, et sa raison qui va se développer par l’apprentissage.
Mieux connaitre mon fonctionnement, étudier les neurosciences et la Logique Émotionnelle m’aident à mieux comprendre et donc à agir plus en accord avec ma nature d’être humain, mon désir, mes besoins.
Le jour où j’ai compris que le cerveau était fait pour l’action et non pour la réflexion, j’ai fait un grand pas sur le chemin d’un certain équilibre et d’une certaine sérénité. Effectivement, l’action me fait du bien, que cela soit marcher, jardiner, danser. Les philosophes et les écrivains ont d’ailleurs beaucoup écrit sur l’intérêt de la marche. « Les seules pensées valables viennent en marchant » écrivait Nietzsche.
Globalement, cette période nous prouve que l’être humain est hyper adaptable et peut s’habituer à (presque) tout : le tour de France cycliste en Septembre, le gouvernement anglais qui subventionne les anglais pour qu’ils aillent au restaurant, Le Flex-office (pas de place fixe au travail) qui redevient fixe. Il y a aussi une recherche de sens, une vraie compassion et une profonde bienveillance. Pour les cotés plus noirs, une vraie inquiétude économique, une violence à fleur de peau. Nous sommes sur une ligne de crête, et comme des funambules en haut de la montagne, nous ignorons comment se passera la descente. Oui, vraiment, drôle de rentrée !