Hier à Top Chef, un jeune chef a réalisé une tartelette avec les 4 saveurs de base : salé, sucré, gras, amer. Son idée était de pousser ces saveurs à l’extrême pour souligner le déséquilibre, et ensuite dans une tartelette équilibrer ces saveurs pour montrer leur complémentarité.
Sur une palette de peintre, il avait disposé 4 petites touches de ces saveurs.
N’est-ce pas ainsi pour un être humain ? L’équilibre ne peut être obtenu que par le mouvement de balancier entre divers déséquilibres.
Edgar Morin a travaillé sur la complexité.
Dans un livre d’entretien paru récemment, « Dialogues sur la nature humaine », avec Boris Cyrulnik, les deux compères réfléchissent sur ces sujets.
Extraits :
« La pensée occidentale ( et c’est son grand piège) a fini par croire que la partie peut être séparée du tout, alors que la partie est un élément du tout »
« On ne peut parler de l’être humain sans le considérer à la fois comme un être biologique, culturel, psychologique et social »
« Il s’agit d’associer des gens de discipline diverses pour éclairer un même objet différemment. Chacun reste ce qu’il est. Simplement il doit apprendre à parler avec un autre. Le biologiste reste biologiste, mais il peut tenter une passerelle et trouver al richesse d’un psychanalyste ou d’un sociologue »
« La pensée est donc une organisation de la perception du réel »
« Le plus sur moyen d’assassiner une idée, c’est de la vénérer. A force de la répéter, on la transforme en stéréotype. »
« La vie, elle, ne cesse de se transmettre. C’est pour cela que la mort et l’amour (comme le disent les romans à l’eau de rose) sont biologiquement associés. Avant ma naissance, j’existais déjà dans les gamètes de mes parents; après ma mort, je continuerai à exister dans mes enfants et peut-être même dans deux ou trois idées ».
« A mon sens, la riposte à l’angoisse est la communion, la communauté, l’amour, la participation, la poésie, le jeu…toutes ces valeurs qui font le tissu même de la vie. »
« Les philosophes nous ont fait croire que la pensée pouvait être abstraite du corps et complètement indépendante de nos émotions. Or actuellement, les travaux des neurologues et des neurobiologistes montrent très clairement qu’un accident (ou une expérimentation à sur le cerveau variant la nature de l’émotion change complètement la théorie du monde. C’est ce que disait Freud…Il avait appelé cela la rationalisation, c’est à dire la forme cohérente donnée par la pensée, servant uniquement à justifier nos émotions ».
« Et ce qui caractérise à la fois la merveille et la tragédie humain, c’est que l’homme appartient peut-être à la seule espèce capable de transgresser les lois naturelles ».
« En tant qu’homme, j’appartiens à la seule espèce vivante, capable de me figurer les représentations de l’autre. Je suis alors contraint à partir à la découverte du monde mental de l’autre, de ses théories, de ses représentations et de ses émotions. Je suis alors forcé de ne pas vivre dans un seul monde – sinon je me transforme en dictateur. »
« Tous les grands crimes contre l’humanité ont été commis au non de la vérité. La seule, une seule vérité. »